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la terre ancestrale

bien chaud ; puis il s’est avisé de boire de l’eau froide et est resté dehors malgré l’air glacé. La maladie l’a frappé comme il entrait à la maison. Il ne voulait pas admettre qu’il était malade, car tu sais qu’il se fait un point d’orgueil de ne l’être jamais. C’est malgré lui que Pierre Michaud a été chercher le médecin. Aussitôt après, il a eu la visite du curé, puis, ce matin, il a reçu les derniers sacrements. Monsieur Langis prétend que s’il en revient, ce sera grâce à sa forte constitution. Moi, je ne puis me faire à l’idée qu’il puisse partir. Il me semble impossible qu’un homme si robuste meure à un âge si peu avancé.

Mon cher Hubert, je crois que tu ferais mieux de descendre. Maman te fait dire de ne pas te rappeler les paroles du père avant ton départ ; c’est aussi mon conseil. Tu sais, dans de pareils instants, il faut oublier ce qui s’est dit dans des moments de colère. Tout le monde ici est certain de te voir arriver au plus tôt. Mon cher petit frère, prie un peu le bon Dieu avec moi pour que papa guérisse ; moi je lui demande aussi une autre faveur. Comme ce serait beau si papa vivait et si tu revenais à la maison. Si tu retardes à descendre, je t’écrirai aussitôt qu’il y aura du changement pour le mieux ou le pire.

Ta sœur affligée,