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la terre ancestrale

un bel avenir. Mais combien d’autres, sous une fictive aisance, végètent toute leur vie. À la fin de chaque semaine, ils attendent leur salaire ; c’est leur seule fortune. Je serais curieux de connaître, au bout de quelques années, les épargnes des nôtres et celles de ceux qui nous ont quittés. Ici, tout le monde est propriétaire, au moins de sa demeure. Là-bas, on n’a souvent que ses meubles.

Allons mon cher fils, pour toi, pour tes vieux parents, pour la terre des tiens, pour les enfants que tu auras, il n’est pas possible que tu nous quittes. Eh bien !…… C’est dit ?

— J’étais pourtant bien décidé à un départ définitif. Mais enfin ! si j’allais voir ; il y a toujours moyen de revenir : Québec n’est pas au bout du monde.

— Réfléchis bien à ce que je t’ai dit, mon cher garçon. Si tu succombes à la tentation, je prierai Dieu qu’il te conserve et te ramène.

Le père, les yeux humides, le fils songeur et indécis, quittèrent leur vieux pasteur.

— Hubert, n’oublie pas d’arrêter au bureau de poste avant de retourner à la maison, dit le père ; moi, il faut que j’aille chez Damours : je voudrais savoir s’il ne m’achèterait pas un bouvillon, la semaine prochaine.

— C’est bien, je vais aller chercher le journal.