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Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/126

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donner le coup de pied de l’âne aux victimes abattues de l’injustice sociale !

C’est cette Science-là cependant qui déterra M. Lafarge, le tourna, le retourna, le contourna, l’exploita, le coupa par petits morceaux, l’éminça, comme chair à pâté, dans ses alambics, le fit chauffer à blanc, fouilla dans ses entrailles de plusieurs mois durant quelques semaines ; et triomphante, imperturbable, vint affirmer aux juges que la mort provenait d’un empoisonnement par l’arsenic !

Et l’interprète inattaquable de cette science infaillible, l’oracle immaculé de vie et de mort, celui dont les lèvres pincées ne s’ouvraient solennellement que pour condamner ou absoudre sans appel : le Python sauteur de ces temps-là… qu’était-il ? Une sorte de jongleur méridional, moitié médecin, moitié chanteur, 348 tout-à-fait saltimbanque ; — l’homme qui sut monopoliser toutes les missions odieuses que refusaient des médecins eux-mêmes ; — celui qui fourra mains et nez partout où il y avait à faire collection de croix d’honneur et de souillures  : dans le sein de la duchesse de Berry, dans le gros boyau de M. Lafarge et de milliers d’autres.

Il est mort à cette heure, les doigts lavés ! Que son Dieu, s’il en avait un, reconnaisse son âme ! Qu’il ne se lève pas trop de suppliciés pour l’accuser ! Et qu’il n’ait pas peur des morts ! !

Chacun entend la renommée, le devoir et le courage à sa façon. Cet homme, Orfila, prétendait