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Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/152

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l’emblême touchant d’une sublime vérité. »

… Plus noire est l’âme des geôliers que ces sombres abîmes où jamais ne pénètrent le rayon de soleil ni la goutte d’eau saturée du parfum des fleurs. Ils ne se contentent pas, les chats sauvages, d’ensevelir l’âme d’une femme dans le sépulcre des géhennes ; ils l’espionnent encore dans tous les actes de sa vie, l’accusent chaque jour de crimes imaginaires : de séduction et d’embauchage, de tentatives d’évasion et de meurtre, d’intrigues d’amour à distance. Que de fois madame Lafarge fut victime de leurs dénonciations intéressées !

On dirait à ces gens-là : « Prenez une lancette ébréchée ; vous irez toutes les nuits saigner aux quatre veines une pauvre femme qui se meurt. Et vous avancerez en grade, et vous vous grandirez, et vous vous engraisserez avec son sang »… Ils le feraient, ils iraient, croyez-le, sans plus hésiter que des docteurs en médecine !

… Et l’on dirait aux journalistes, les pires des bourreaux : « voici de l’encre rouge et une plume de fer. Allez ; vous trouverez dans un cachot sans jour et sans feu une femme qui se tord dans les angoisses. Vous graverez sur la peau de son front un article d’injures ; vous demanderez sa mort, ou tout au moins le redoublement de ses tortures. Ainsi vous vous ferez connaître au peuple pour de bons citoyens, défenseurs de la saine morale et de la sacro-sainte famille. Et le peuple se souviendra de vous quand il aura des représentants à nommer »… Ils le feraient, ils iraient,