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Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/155

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Et cependant les jugeurs l’attendaient, les jugeurs sourds, entêtés et barbares que les sociétés paient pour conserver aux riches l’héritage de la force, le butin de la guerre, le prix du sang et des sueurs de tous !

… Ainsi joue le Destin, le destin homicide ! Les défenseurs du Droit, ce sont les criminels !


Quand elle fut mariée, mécontente de sa situation, sans espoir sur la terre, dans une ferme isolée, près d’un homme d’affaires, elle regarda par-dessus les murailles du présent avec les grands yeux de son esprit ; elle domina l’ensemble des sociétés, des temps et des espaces. Elle aima les grands, les bons et beaux livres, l’histoire qui chante le passé, la contemplation qui guette l’avenir ; elle fut poète, philosophe et prophétesse ; elle révéla tout ce qu’elle rêvait. Elle sut concentrer pour quelque temps l’admiration du grand monde, la banalité de ses éloges et l’hypocrisie de ses caresses félines.

Et cependant l’Opprobre l’attendait, et le Dédain qui siffle, et l’Isolement qui s’appuie sur ses coudes ankylosés, et le Mépris qui toise ses victimes des pieds jusqu’à la tête ! Elle était sensible et délicate ; il fallait qu’elle fût mille fois blessée, mille fois meurtrie pour savoir la valeur des amitiés faciles.

… Ainsi joue le Destin, le destin homicide ! La Franchise pousse ses racines dans le sol même des sociétés fangeuses. La Vérité est chauve par