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Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/166

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que fois que la machine reluisante achève l’horrible besogne que vous lui mâchez, vous allez voir comme elle travaille, ô vampires altérés !

Vous avez douté cependant, douté sur une alternative de vie ou de mort ! Vous avez fait comme les lâches, vous avez reculé pour mieux sauter un jour ; la peur du danger présent vous a rejetés dans l’effroi du péril à venir. Vous avez remis l’acquittement de votre dette, la dette du sang, à la plus longue échéance que vous puissiez entrevoir. À votre aise ! vous avez le choix… L’homme n’est qu’un fétu dans le mouvement des mondes ; ce qui lui paraît un siècle n’est pas même une seconde dans le temps éternel. Mais l’heure des vengeances sonne toujours ! Et c’est le doigt de la Révolution, fatal, inflexible, infaillible, qui pousse l’aiguille d’or sur le cadran d’airain que fixent les regards des damnés de ce monde !

D’une façon comme de l’autre, vous êtes condamnables et pendables en raison de ce jugement rendu. Avec le crime toute indulgence est de la complicité ; et la Civilisation peut réclamer vos têtes à défaut de celle que vous dérobez à sa vengeance. Avec l’innocence, d’autre part, toute flétrissure imméritée laisse dans l’âme un remords qui ne s’éteint plus ; et ce remords réclame le cœur noir du juge à défaut du cœur pur de sa victime.

Vous vous êtes engagés dans l’impasse étroite d’une inquisition sans fin, sans miséricorde. Sur vos têtes brillent des glaives étincelants, des flammes de pourpre, des pinces et des limes nouvelle-