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Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/17

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… Dans ce monde d’iniquité, je ne puis rien aimer comme je m’en sens la force ; je suis contraint de haïr, hélas !

Et ma haine, c’est de l’amour encore ; l’amour de l’homme juste qui désespère, l’amour de l’homme libre forcé de vivre au milieu d’esclaves ; un amour non satisfait, immense, indéfini, généreux et général. — Amour qui brûle, amour qui tue ?

Je suis l’amant de l’Avenir qui maudit le Présent. Je suis le citoyen de l’Humanité qui souffre en Civilisation. Je mords et je déchire de toute la force que donne à mes dents une indignation légitime. » (Ib., pp. 429-430).


La deuxième partie des Jours d’Exil (les tomes II et III de notre édition) tient donc lieu pour nous des écrits théoriques non publiés, et le lecteur peut laisser agir sur lui, sans ordre préalable, le charme de tous ces poèmes en prose, expression de révolte généreuse et libératrice. Je renonce à inventorier les idées de Cœurderoy. On trouve de vraies utopies sociales dans ses écrits, telles la Patrie de mes songes et la Fête universelle à Lisbonne, Triomphe de Vénus, ainsi que nombre de prédictions pour un avenir plus rapproché. Comme utopiste, il se range aux côtés de Fourier, de Joseph Déjacque et de William Morris : la beauté, l’art, la diversité et la plus étendue liberté sont l’essence de ses rêves. Il prévoit l’anarchie la plus intégrale. « Aucune opinion n’est sanctionnée par un vote ; le suffrage