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Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/176

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frances, sa fièvre et ses extases ; — une coureuse, parce qu’elle conserve de la reconnaissance à ceux qui la défendent, et qu’elle n’est défendue que par des hommes ; — une éhontée, parce qu’elle se met avec goût ; — une pas grand’chose, parce qu’elle a le bon sens de les mépriser !


Et voilà ce que nos conventions et nos mœurs ont fait de la femme : une pisseuse ! Elles l’ont dénaturée, ravalée. Elles lui ont défendu toute occupation sérieuse, toute question générale, tout grand mobile, tout souvenir, toute aspiration, tout enthousiasme. Elles lui ont interdit sociétés, spectacles, amitiés, préférences, tout jusqu’aux livres que désapprouve la censure de famille. C’est alors que la femme malheureuse est tombée de sa hauteur dans le pot-au-feu, le chiffon, la lessive, les cancans, commérages et intrigues de quartier. Et maintenant elle est si profondément, si constitutionnellement déprimée, qu’elle se montre fière de son brillant empire, et que la majorité de nos femmes ne se délivrerait certainement pas si vite que la majorité des brebis. La Civilisation n’en fait pas d’autres ; elle siffle les femmes de progrès, les ridiculise, les exile et les emprisonne : tout ce qui est pur, noble, élevé, elle le souille, le dégrade et le rapetisse… Pitié !