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Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/208

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de pauvres hères ; les rois sont les esclaves des autres hommes. Eh ! que me fait la mort des rois ? Moi, j’en ris et me chauffe. — La Mort moissonne en Janvier !

… Honteux comme un jésuite qui s’est trompé de confident l’oiseau maudit s’envole. À travers la fenêtre mal jointe la froide bise redit tout le matin l’ironie de sa voix. Et cette voix répète : — La Mort moissonne en Janvier !

Depuis ce jour, je ne puis plus entendre le chant de la mésange.


VII


L’hiver est saison de mort. En ce temps de l’année, la nature présente tous les caractères du cadavre : froideur, immobilité, pâleur livide. Pareil à une lampe d’or, le soleil se consume tristement à la voûte du sépulcre de l’univers.

Rien n’est mort cependant. Les êtres se réparent pour revivre plus beaux ; ils attendent la douce haleine du printemps.

Entendez la montagne ronfler sous sa couverture de neige. À travers les nuages gris voyez ramper le soleil, ver-luisant colossal. Le torrent mugit sous la glace ; notre sang, un instant arrêté par le froid, gonfle de nouveau nos veines ; la semence éclate au sillon.

Tout est couvert par la voix des tempêtes ; tout ce qui vacille, tombe ; tout ce qui tremble,