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Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/267

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XV


« And there lay the steed with his nostril all wide,
But trough it there roll’d not the breath of his pride. »
Byron.


Sur son cavalier mutilé se penche le cheval de bataille, le beau cheval à la crinière d’ébène, Furious !

Il le flaire de ses naseaux sanglants ; il cherche à le soulever avec son pied nerveux. Vains sont les efforts : la mort avare retient sa proie.

Alors le beau cheval recule d’épouvante. Frémissant, effaré, il hennit vers le ciel sa touchante prière. La douleur secoue ses membres agiles ; sa sangle s’est brisée.

C’est le matin. Sur les fleurs nouvelles le Printemps fait courir son haleine embaumée. Aux herbes des prairies se balancent les perles de rosée que frappe le vivant soleil. Sur les bords des 437 ruisseaux, dans les branches des saules, les oiseaux chantent l’hymne du réveil !

« Salut à la vie ! Salut à la lumière ! !… » Ainsi disent le gai pinson, le moineau pillard, le roitelet imperceptible, le merle causeur, la fauvette à la robe grise, pareille à une religieuse, le chardonneret vêtu comme un prince d’Orient.


En ce moment passe la jeune fille chanteuse qui conduit ses bœufs roux et ses blanches génisses à la source écumante.