Aller au contenu

Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/273

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

priété : et je l’ai trouvé malheureux ! Combien plus infortuné serait l’homme qui, dans le long cours des siècles, restreindrait volontairement sa virtualité transformatrice à la misérable forme qu’il revêt aujourd’hui ! Il se condamnerait à l’éternel supplice du mal, de la mélancolie, du suicide. — La Mort, c’est le Salut !


… Je rêve ! — cela ne fait de mal à personne, et cela me fait tant de bien ! — Ah laissez-moi rêver !


XIX


« Un vecchio bianco per antico pelo. »
Dante.


441 C’était un digne vieillard que le père de mon père : franc, droit, robuste, comme les arbres qu’il cultivait. Lui seul m’avait bien gâté quand j’étais petit enfant, et je l’aimais au fond de mon âme comme les petits enfants aiment les grands vieillards.

Une nuit que je souffrais beaucoup, son ombre chérie vint me visiter. — Soyez toujours le bienvenu, grand-père !

Il avait une belle chemise de toile blanche, de larges culottes sans bretelles ; son cou, sa tête étaient nus, suivant sa coutume.

Je le reconnus à ces signes, ainsi qu’à ses beaux cheveux d’argent, à son teint hâlé du soleil, à ses apparences de santé.