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Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/285

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Je les ferai fumer sous mes narines. Et je rêverai que le monde m’a décerné la gloire. Et je la verrai certes mille fois plus belle que le monde ne peut la donner.


Laissez venir à la tête de mon lit le beau coq à la couleur de flamme ! Je suis le fiancé de la Mort ! !

Qu’il secoue ses ailes fraîches sur ma tête fatiguée ! Qu’il chante 449 l’hymne éclatant du réveil à l’aurore, sa maîtresse. Et moi, je saluerai le soleil levant des résurrections.


Je suis le fiancé de la Mort. — Mes amours sont finies sur terre.

Passez sur ma poitrine la chemise de la bien-aimée. Je m’envelopperai dans ses plis flottants comme dans un nuage de souvenirs ; je m’endormirai d’un beau rêve d’amour, le cœur battant !

J’emporterai dans les mondes sublimes le parfum de son haleine, l’harmonie de sa voix, ses soupirs entrecoupés, le frisson de sa main, l’ardeur de sa lèvre, la fraîcheur de ses dents.

Et quand je lui rapporterai tout cela dans l’existence prochaine, ma bien-aimée me reconnaîtra, et sur les deux paupières elle me baisera pour m’éveiller.


Je suis le fiancé de la Mort. — Mes travaux sont achevés sur terre.

Dispersez autour de moi, dans les vents, sur le sol, les notes que traçait ma main fiévreuse : j’en