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Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/288

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LE PROLÉTARIAT À TURIN.


L’ENFER SUR TERRE.




Annecy. Juin 1855.


« Per me si va relia città dolente,
Per me si va nell’eterno dolore,
Per me si va tra la perduta gente.
… Lasciate ogni speranza, voi ch’entrate. »
Dante.

« Du travail et du plomb ! ! »
Cri des révoltes.


I


451 Je veux chanter aux hommes un cantique nouveau, le cantique de leurs humiliations et de leurs souffrances aussi vieilles que le monde !

À mesure que j’élèverai ma voix sur la foule pressée, les hommes seront surpris que, depuis six mille ans, on s’obstine à chercher l’Enfer ailleurs que dans ce monde. Les petits ne seront plus paralysés dans leur révolte par la crainte des peines éternelles ; la certitude de l’impunité n’encouragera plus les grands dans leurs quotidiennes rapines. Les bons prendront confiance, 452 les méchants trembleront. Nous ne lâcherons plus la proie pour l’ombre ; nous ne remettrons plus le règlement de nos comptes courants à la vallée de Josaphat,