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Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/317

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à l’observation de la nature humaine, positivement supérieure à toutes les doctrines de l’illustre demi-Dieu Comte, que l’égoïsme est le mobile de toutes les actions de l’homme libre, et que l’intérêt de chacun ne peut nuire à personne dans une société, juste, dépossédée de moyens d’accaparement et de violence.

Maudit soit le Présent, cet enfant moqueur sans espérances, 469 ce vieillard maussade sans souvenirs ! Maudit soit notre siècle qui se défie de l’Avenir et méprise le Passé ! Malheur au Monopole qui, de sa main de fer, a lancé les machines qui portent dans leurs flancs la Révolution ! Mais aussi, malheur aux travailleurs, aux pauvres, à tous ceux qui s’approchent le plus des funestes engrenages ! Rien ne peut les sauver ! Le ressort est tendu comme la corde d’un arc ; il faut qu’il épuise sa rage titanique ; il faut qu’il affame, qu’il broie, qu’il écartèle, qu’il décrive en hurlant sa courbe ensanglantée ! Cette abominable Civilisation creusera jusqu’au bout le sillon de sa fosse. Encore se divisera la propriété, encore se multipliera la concurrence, encore baisseront les prix et les salaires, encore le maître fera des économies sur l’ouvrier ! Jusqu’à l’épuisement, l’inanition, la mort du prolétaire durera sa torture ! Il faut que l’infortuné perde tout espoir de délivrance, tout esprit de révolte, toute dignité ; il faut qu’il se laisse conduire au travail comme la bête de somme ; il faut qu’il n’ait plus ni sensibilité, ni désir, ni force, ni courage ! Il faut que son intelligence soit réduite