Aller au contenu

Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/320

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

qu’elle y rampe tout à son aise, comme les dartres gourmandes sur le corps d’un enfant !


Le principe de solidarité domine tyranniquement tout organisme humain. Aucun membre des individus ou des sociétés ne saurait s’y soustraire. Autant les facultés intellectuelles et affectives sont libres dans leurs manifestations, autant les fonctions matérielles sont enchaînées, comprimées, dans un cercle étroit dont elles ne peuvent sortir sous peine de mort.

Dans l’économie d’un homme adulte se trouve un cœur dont la force et la capacité suffisent largement aux besoins de la circulation. Supposez qu’un second, un troisième cœur parviennent à 471 se former plus tard dans le corps de cet homme et persistent à entretenir autour d’eux une circulation différente de celle du cœur principal : qu’arrivera-t-il ?

Que ces organes tard-venus seront trop faibles pour soutenir la concurrence du centre primitif ; — qu’ils ne pourront lutter contre lui qu’à force de souffrances et de sacrifices ; — que dans ce travail désastreux, ils appauvriront les autres organes en s’épuisant eux-mêmes ; — qu’ils finiront par succomber sans jamais avoir pleinement vécu, sans jamais avoir pleinement laissé vivre.

Ce désordre que je suis obligé de supposer dans l’homme pour me créer un argument par l’absurde, je le retrouve partout dans les sociétés où il a pris force de loi, domine despotiquement et