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Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/327

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son trône, qu’un pacha dans le sérail, qu’un négrier sur son navire maudit ; car il commande de par la brutalité, la nécessité, la pauvreté, la misère ! Et ne l’oublions pas, de 475 par la très-haute protection du gouvernement qui, faisant abus de la force, sanctionne nécessairement tous les excès de l’injustice : la propriété de l’homme comme celle de la chose, l’exploitation du pauvre comme celle du champ, l’indigence comme l’esclavage !

Qu’on s’étonne après cela que les prisons et les hôpitaux regorgent ; que le vol, l’assassinat, l’épidémie sévissent cruellement sur l’humanité ! Qu’on soit surpris des résistances qu’a rencontrées l’exécution de la loi sur les couvents dans presque toute l’étendue des États ! Pour ma part, je n’y vois que des conséquences inévitables du paupérisme extrême et je suis émerveillé que ces faits ne se produisent pas en plus grand nombre.

Hélas ! quand la misère et la faim s’étendent sur un pays, quand l’homme en est réduit à cette épouvantable alternative de jeûner ou de dérober, de tuer ou de mourir, est-ce donc sa faute s’il vole, s’il assassine ? Qui de vous, ô riches, habitués à bien vivre, n’agirait de même s’il se sentait expirer ? Mais que dis-je ? Vous faites tous ainsi, chaque jour, légalement — c’est-à-dire lâchement, hypocritement, sans y être contraints par un besoin dernier ? — De votre race maudite il n’en est pas un qui puisse se vanter de vivre sans dépouiller le pauvre, sans le déshériter, le saigner, le détruire. Et c’est vous, misérables, qui