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Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/370

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rendre plus redoutables encore les abords de ces lieux. J’appelle ces fabriques des tours où les sociétés marâtres jettent leurs enfants derniers-nés. Je les appelle des guillotines sèches, des machines pneumatiques dans lesquelles on déverse le trop plein des prisons et des bagnes, pour en finir. Je les appelle des pontons à noyades qu’on fait sombrer dans l’Éternité tout chargés d’hommes.

L’Enfer est sur la Terre !


À ces travaux maudits les cheveux tombent, les dents se déchaussent et deviennent branlantes, l’haleine exhale une odeur infecte ; la peau, les poumons, les intestins se doublent d’une enveloppe de métal tellement épaisse que rien ne peut la dissoudre ; tous les organes sont littéralement assiégés, envahis, pénétrés, étouffés, indurés par le plomb ou le cuivre. Chaque pore devient comme une tranchée toujours ouverte à l’ennemi, comme une porte que la Douleur referme avidement sur la matière qui l’affolle.

Oh c’est bien là la blouse de plomb, l’infernale tunique plus corrosive que celle de Nessus, la cape dévorante qu’imagina le 502 poète au front plissé, la montagne d’Atlas plus pesante chaque jour sur le dos qui la porte !

Ah douleur et torture ! L’homme né de femme blanche, pure, aimante et sensible, devient noir, sombre, inerte, dur comme le métal qu’il travaille ; il ne bondit plus que sous les coups de marteau frappés par la Souffrance. Oh qui ne