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Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/382

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val. Le monde a beau changer, ma tâche reste la même et le zèle de ma maîtresse redouble 509 avec les siècles. Je donne sans cesse la mort sans pouvoir jamais l’espérer. »

L’éternel Melchisédech se tut. La fumée produite par l’incendie des cercueils se dissipa. Tous les êtres que j’avais vus auparavant désespérés, furieux ou mornes m’apparurent rayonnants de cette beauté surhumaine que donne l’allégresse. Leurs voix étaient fraîches et suaves comme celles que prêtent les poètes aux célestes esprits. Elles chantaient :

« L’air se parfume et s’épure, il est moins lourd à nos poumons. Un frisson de bonheur court par nos veines ; nous sentons des ailes grandir sur nos épaules ; nous sommes prêts à nous élancer dans des mondes meilleurs. Nous attendons que le joyeux soleil se montre à l’horizon, plus étincecelant, plus large. Alors nous essaierons notre vol en traversant les airs et les océans comme de jeunes hirondelles, qui fredonnent jusqu’au but de leurs lointains voyages !

» L’Enfer est sur la Terre que nous quittons. Dans celles où nous allons nous trouverons le Ciel. — Sois bénie, Révolution ! »