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Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/396

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de l’être ! Ils sont importants, dominateurs, beaux-diseurs, esprits-forts. La démangeaison les prend de faire parler d’eux en leur province, et alors ils deviennent agitateurs dans le vide, philanthropes par maintien, démocrates par ambition. Fiers de faire peur, convaincus de leur supériorité sur le peuple, prêtres de la matière, ils prétendent, comme les prêtres de l’esprit, à une dictature sacerdotale. Ils nient l’existence de l’âme, son immortalité, l’harmonie de la nature, les aspirations de l’humanité, la vie future, tous ces grands mobiles de la vraie morale. Ils se rient de la délicatesse, de la générosité, de la souffrance, de l’affection ; ils ont fait de l’amour la plus fatigante, la plus hébétante, la plus rebutante nécessité matérielle ; ils n’en parlent jamais qu’en se frottant.

518 Régalez-vous, Mesdames, voilà le plaisir[1] !

  1. Observation. — Les médecins me demanderont si je crois les dissections inutiles aux étudiants, et par quoi donc je les remplacerais ?

    Distinguons, chers confrères. Les dissections sont utiles, mais non les forfanteries d’apprentis bouchers, mais non les gaspillages de chair humaine, mais non la malpropreté, le matérialisme, la vanité, l’insensibilité, le jargon d’érudit qu’on en retire.

    On a fait, dans ces derniers temps, un déplorable abus de la théorie, dans les études médicales comme dans toutes les autres. On a rendu la science anatomique fatiguante, impossible à force de minuties. En voulant tout savoir on a fini par tout désapprendre.

    Je demande à mon tour si les détails fastidieux des traités descriptifs ne sont pas inutiles pour les trois quarts au moins des étudiants en médecine, s’ils ne leur deviennent pas nuisibles même en les détournant de la grande observation