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Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/430

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blanches, la rage les aveugle, le tonnerre les poursuit de son bruit écrasant. Elles redeviennent ce qu’elles étaient au haut des monts : froides comme la neige, insensibles comme la tristesse, effrayantes comme la solitude, innombrables comme les siècles de l’éternité, instruments de naufrage et de mort !

Le Dieu des neiges est assis sur un pic éclairé par le soleil couchant ; sous ses pieds sont les glaces éternelles. Une étoile plus brillante que les autres resplendit parmi ses cheveux. Ainsi l’homme passe et repasse sans cesse entre le blanc linceul de la mort et la lumière ardente des résurrections.

Cette vue reporte mon âme vers l’Éternité !


VII


541 Souvent je songe que je pourrais mourir dans ce pays, sans position sociale, sans richesses, sans considération, sans recommandations officielles ; hors les nations, hors les lois, hors le monde des hommes qui gronde autour de moi !

Je songe qu’alors je ne serais pas libre de dire à mes amis : « Prenez mon corps ; entourez-le d’iris et de glaïeuls ; portez-le sur les rives du lac, à l’harmonie des hymnes de liberté. Et jetez-moi dans l’eau chanteuse, ma plume à la main, mon Byron sur le cœur ! »

Je songe qu’il existe sous tous les cieux des vic-