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Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/435

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Et que peut donner le gouvernement à vos corps, hommes peureux qui lui demandez un dernier asile ? Six pieds de terre à peine dans un lieu banal, regorgeant déjà de la putréfaction de milliers d’autres ! La belle couche, la propre couche en vérité ! C’était bien la peine de faire tant de chemin toute votre vie pour arriver là !

Mais voyez donc l’univers ! Est-ce que la nature n’est pas bien 544 plus grande, bien plus calme, bien plus splendide que les cimetières des hommes ? Est-ce qu’elle vous interdit quelqu’un de ses sites merveilleux plutôt après la mort qu’avant ? Vous avez à choisir dans les monts, les vallées, les mers, les lacs et les fleuves, l’arbre, la pierre, la vague ou la troche d’herbe que vous aimez le mieux pour dormir le bon sommeil. Là vous aurez les pluies, les brises, les larmes de rosée, les vapeurs transparentes pour vous rafraîchir de vos fatigues ; vous aurez le soleil pour sécher vos sueurs. Là vous ne serez plus importuné du bruit des vivants ni de la peur des morts ; là vous serez doucement bercé dans le concert des harmonies sauvages !

N’avez-vous pas été bien assez longtemps esclaves sur terre ? Voulez-vous encore l’être dessous ? Où donc, quand donc enfin vous appartiendrez-vous ?


Quand je mourrai, je confierai ce qui restera de mon argile à qui sait tenir ses serments. Et je lui ferai jurer de ne me laisser salir par aucune auto-