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Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/449

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un chien de berger dans le milieu des agneaux qu’il mord, non plus qu’une araignée sur des roses ou un épicier dans un bal, sans sentir se soulever ton cœur.

553 Combien ton dégoût serait plus invincible encore si, voyageant dans les plus beaux pays du monde, sur les fleuves les plus torrentueux et les lacs les plus purs, sous le bleu ciel de l’Italie, tu te heurtais à chacun de tes pas au douanier, au gendarme enragés jusqu’aux dents, aux impériaux mouchards de France et d’Autriche qui s’excitent au travail ! Que deviendraient ton enthousiasme, ton extase, tout le prestige du charme, dis, lecteur, si tu te sentais, pour une cause ou pour une autre, ressortissant du paternel poignet de tous ces braves coquins de hart et de potence qui font tache sur la nature dont ils se sacrent rois ?


C’est là que j’en suis, depuis sept ans, pour avoir osé commettre, dans ce monde de dons Juans de boutique, une indiscrétion que ne pardonnent pas ceux qui vendent leurs maîtresses, pour avoir osé dire que j’étais épris de la Liberté. Et pour avoir fait l’aveu de ce saint amour, me voilà justiciable des derniers limiers de la basse police, de ces mouchards honteux que les gouvernements recrutent parmi les sergents croqueurs de grenouilles, les banqueroutiers frauduleux, les transfuges des sociétés secrètes, les culotteurs de pipes en disponibilité, les éponges à bière, les en-