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Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/471

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accomplir un commandement sévère. — Prier c’est travailler !

Mais elle sera pensée, puisée dans nos émotions quotidiennes ; elle s’élèvera vers nos affections les plus chères, vers des êtres qui respirent, parlent, sentent comme nous et peuvent nous rendre amour pour amour. Elle s’adressera, touchante, aux morts et aux vivants que nous chérissons, que nous divinisons : à l’enfant, à la femme, à l’ami, à la créature idéale ; elle animera nos créations, nos espérances, nos entreprises. — Prier c’est travailler !

La Prière sera soupirée, murmurée doucement, ou bien déclarée, chantée, selon les dispositions de l’esprit. On la dira dans cet instant de recueillement suprême où l’homme passe de la veille au sommeil, quand il n’a pas encore oublié sa vie présente, et quand déjà les rêves qui montrent l’avenir ou le passé. — Prier c’est se souvenir !

Elle sera l’hymne du soir, le doux hymne qui nous berce, nous dispose au repos, à la joie du cœur, l’hymne précurseur des songes heureux. — Prier, c’est espérer !

Prier, c’est vivre. — La Prière, comme le Rêve, variera suivant l’âge de l’homme, ses occupations, ses idées. La Prière, comme le Rêve, reflétera la vie. L’enfant et la femme ne prieront pas comme l’homme. Le proscrit ne priera point comme l’individu sédentaire. Voici les prières sous l’impression desquelles je m’endors chaque nuit :