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Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/70

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sure que je progresserais dans les existences futures, je m’éloignerais davantage du terrible Dieu créé par les épouvantements du premier homme, et je me rapprocherais plus du dernier Dieu que nous connaîtrons, de l’Homme affranchi.

Et l’Homme affranchi, le Dieu futur, sera beau, robuste, intelligent, bon et heureux[1]. Il n’aura plus d’intérêt à faire le mal, plus de préjugés, plus de craintes paralysantes ; il développera, dans leur plénitude, ses facultés et ses passions sublimes, il rayonnera par l’activité de sa force et l’essor de son génie sur la nature vaincue. Et privé de sa clef de voûte céleste, le noir édifice de l’esclavage tombera. Et de sa chute retentira l’Enfer.

La foi que j’ai dans cette vie future, c’est mon

  1. Il y aura toujours douleur dans l’humanité, j’en conviens. Mais elle ne sera plus imposée par une classe d’hommes à une autre classe. De cette douleur coupable, véritable péché d’origine, nous nous délivrerons par la science de la justice et de l’harmonie, car cette douleur vient de notre ignorance, de nos discordes, de nos iniquités.

    Les sociétés de l’avenir ne seront plus sujettes qu’à deux sortes de maux : ceux qui sont la conséquence forcée de toute lutte contre la nature et qui diminueront chaque jour ; et ceux qui résulteront toujours des réactions de l’âme sur elle-même, réactions qui conservent notre existence par le jeu des contrastes et rompent l’uniformité de nos sensations morales.

    Ainsi dit le poète :

    xxxx« Ritorna a tua scienza
    Che vuol quanto la cosa è più perfetta
    Più senta il bene, e cosi la doglienza.
     »
    Dante.