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Page:Cabanès - Dents et dentistes à travers l’histoire, 1928.djvu/212

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Machiavel est le type du sphinx de la politique ; il n’y a guère que Talleyrand qui puisse lui être comparé. Sa bouche tient à la fois « des mâchoires du tigre et de la gueule allongée du renard ». Mais il y a plus de fermeté chez Machiavel, plus de finesse chez Talleyrand.

Les lèvres seules de Michel-Ange suffisent pour indiquer la « fierté de son génie et son caractère indomptable ». La majesté y prédomine ; dans celle de Raphaël, c’est la grâce.

On a plusieurs portraits d’Érasme, dus à son ami Holbein, où il figure avec son légendaire bonnet sur la tête. « On dirait que les lèvres sont toujours prêtes à laisser échapper un propos satyrique ; on y voit passer le sourire d’un observateur intelligent, qui saisit les ridicules imperceptibles à tout autre qu’à lui. »

Que de révélations nous apportent les bouches de Montaigne, de Rabelais, de Marot ! Que d’esprit, que de malice chez ces grands railleurs !

L’examen des bouches royales nous amène aux constatations les plus inattendues.

Lorsque saint Louis mourut, à 55 ans, sa mâchoire inférieure ne portait plus qu’une seule dent. Au nombre des précieuses reliques que possède l’abbaye de Saint-Denis, il en est une qui attire particulièrement l’attention du visiteur : c’est « la