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Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 1.djvu/100

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l’empreinte d’une sensibilité qui intéresse ; et leurs manières ont un certain charme, auquel, peut-être, je ne sais quel commencement de compassion donne encore plus d’empire.

Ces hommes, dont l’aspect est celui de la foiblesse, sont d’une force de corps remarquable : ils supportent les travaux les plus longs et les plus fatiguans ; ils y mettent une patience, une opiniâtreté sans égales. Leurs impressions ne sont, en général, ni multipliées, ni rapides : mais elles ont une profondeur, une ténacité, qui font qu’ils ne peuvent s’y soustraire ; et voilà pourquoi elles deviennent confuses, importunes, pour peu qu’elles se pressent et se multiplient ; voilà pourquoi ils veulent toujours se retirer à l’écart, pour s’en occuper tranquillement, pour les méditer en liberté : de-là, vient aussi cette force singulière de mémoire qui leur est propre.

Leurs idées sont l’ouvrage de la méditation ; elles en portent l’empreinte. Ils retournent un sujet de toutes les manières, et finissent par y trouver ou des faits, ou des rapports nouveaux : mais ils en trouvent souvent de chimériques ; c’est parmi eux