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Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 1.djvu/429

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rencontré des exemples, quoique plus rarement sans doute, chez certains hommes sensibles et forts, mais trop continens. Dans un de ses derniers volumes, Buffon a rappelé l’histoire célèbre d’un curé de l’ancienne Guienne, qui, par l’effet d’une chasteté rigoureuse, dont son tempérament ne s’accommodoit pas, étoit tombé dans un délire vaporeux voisin de la manie. Pendant tout le temps que dura ce délire, le malade déploya divers talens qui n’avoient pas été cultivés en lui : il faisoit des vers et de la musique ; et, ce qui est encore bien plus remarquable, sans avoir jamais touché de crayon, il dessinoit avec beaucoup de correction et de vérité, les objets qui se présentoient à ses yeux. La nature le guérit par des moyens très-simples. Il paroît même qu’il sut parfaitement bien, dans la suite, se garantir de toute rechute. Mais, quoiqu’il restât toujours homme d’esprit, il avoit vu s’évanouir, avec sa maladie, une grande partie des facultés merveilleuses qu’elle avoit fait éclore.

Je crois devoir observer à ce sujet, que la continence absolue a des effets très-différens, suivant le sexe, le tempérament et les