antérieurs, quelque probables qu’ils puissent être, mais de l’expérience dirigée par la raison. Le jugement est une espèce de mémoire qui rassemble et met en ordre toutes les impressions reçues par les sens : car, avant que la pensée se produise, les sens ont éprouvé tout ce qui doit la former ; et ce sont eux qui en font parvenir les matériaux à l’entendement[1] ».
Le mot si répété par l’école des analystes modernes, il n’y a rien dans l’esprit qui n’ait passé par les sens, est célèbre sans doute à juste titre : l’exactitude et la briéveté de l’expression n’en sont pas moins remarquables que l’idée elle-même, et l’époque dont elle date. Mais Aristote énonce un résultat[2], tandis qu’Hippocrate fait un tableau ; et ce tableau date d’une époque antérieure encore. Nous ne dirons cependant pas que l’un soit l’inventeur, et l’autre le copiste. Aristote fut sans doute un des esprits les plus éminens, une des têtes les plus fortes ;