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Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 2.djvu/277

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genre d’affection, que celui qui se fonde sur l’attrait direct et momentané du plaisir ? Leur sort n’est-il pas d’être sacrifiées à des maîtres impérieux ? de devenir, tour-à-tour, les esclaves de leurs caprices, et les victimes de leurs dégoûts ? Pour que la femme soit la vraie compagne de l’homme ; pour qu’elle puisse s’assurer ce doux empire de la famille, dont la nature a voulu qu’elle régit l’intérieur : il faut que toutes ses facultés ayent eu le tems de se mûrir par l’observation, par l’expérience, par la réflexion ; il faut que la nature lui ait fait parcourir toute la chaîne des impressions, dont l’ensemble forme, si je puis m’exprimer ainsi, les provisions véritables du voyage de la vie. Sans cela, passant d’une adolescence prématurée à une vieillesse plus prématurée encore, il n’y a presque point d’intervalle pour elle, entre l’enfance du premier âge et celle du dernier : et, dans toutes les deux, elle reste également étrangère aux vrais biens de la vie humaine ; elle n’en connoît que les longues amertumes et les douleurs : heureuse encore lorsque l’irréflexion et l’ignorance sont assez complètes chez elle, pour la dérober au sentiment de ses maux, ou pour l’aider à