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Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 2.djvu/279

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et de l’examen auxquels nous venons de nous livrer. Depuis Locke, on avoit soupçonné l’influence des langues sur les idées : depuis Condillac, on sait que les progrès de l’esprit humain dépendent, en grande partie, de la perfection du langage propre à chaque science, et sur-tout de celui qui est commun à toute une grande nation. Ce philosophe, et quelques-uns de ses disciples, ont même voulu ramener uniquement à des langues bien faites, chaque science en particulier, et la raison humaine en général. Il est certain que les langues, plus ou moins bien faites, à raison des circonstances qui président à leur formation, et du caractère des hommes qui les créent, paroissent gouverner bientôt les hommes, et par eux, faire naître ou subjuguer les circonstances elles-mêmes. Ce fut le langage, comme le disent des fables ingénieuses, qui jadis réunit les hommes sauvages, adoucit leur férocité, leur bâtit des villes et des remparts, les fixa dans l’enceinte de ces villes et dans l’état de société : en un mot, ce fut lui qui leur donna des lois. Le sage ne découvre des vérités nouvelles qu’en épurant son langage, en lui donnant plus de précision. Le sophiste