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Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 2.djvu/487

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il est certain que les rêves nous transportent souvent loin de nous-mêmes et de nos idées, ou de nos sentimens habituels.

Ce n’est pas tout. Nous avons quelquefois en songe, des idées que nous n’avons jamais eues. Nous croyons converser, par exemple, avec un homme qui nous dit des choses que nous ne savions pas. On ne doit pas s’étonner que, dans des temps d’ignorance, les esprits crédules aient attribué ces phénomènes singuliers à des causes surnaturelles. J’ai connu un homme très-sage et très-éclairé[1] qui croyoit avoir été plusieurs fois instruit en songe, de l’issue des affaires qui l’occupoient dans le moment. Sa tête forte, et d’ailleurs entièrement libre de préjugés, n’avoit pu se garantir de toute idée superstitieuse, par rapport à ces avertissemens intérieurs. Il ne faisoit pas attention que sa profonde prudence et sa rare sagacité dirigeoient encore l’action de son cerveau pendant le sommeil, comme on peut l’observer souvent, même pendant le délire, chez les hommes d’un moral exercé. En effet, l’esprit peut continuer ses recherches[2] dans les songes ;

  1. L’illustre B. Franklin.
  2. Condillac m’a dit, qu’en travaillant à son cours