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Page:Cahiers de la Quinzaine, 14e série, n°5-8, 1913.djvu/228

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LANGLOIS TEL QU’ON LE PARLE


puis me contenter de trois quarts de page, parce que dans le système de M. Langlois rien ne peut se contenter de trois quarts de page.

Le système de M. Langlois est un système d’un seul plan. Dès lors sur ce plan il faut que je figure comme tout le monde et au même titre que tout le monde. Puisque c’est une carte, tous les pays sont sur la carte.

Le système de M. Langlois est un système égalitaire. Il ne peut me traiter inégalement dans cette égalité.

Le système de M. Langlois est un système démocratique. Il n’a pas le droit de me rejeter de son peuple.

Dans le système de M. Langlois il n’y a ni héros ni saints ni Dieu : tout se vaut. Alors moi je vaux bien les autres.

Notre système est un système de la dignité ; (et de l’indignité) ; dans mon système je puis me déclarer indigne ; et il y aura toujours des pauvres parmi nous.

Mais dans le système de M. Langlois il n’a pas le droit qu’il y ait des pauvres parmi eux. Tout le monde a droit au même traitement. Et moi dans tout le monde. Tout le monde a droit à la même dignité. Et moi dans tout le monde.

M. Langlois peut me détester, M. Langlois peut me persécuter, M. Langlois ne peut pas me négliger.

M. Langlois peut m’en vouloir plus qu’à tout le monde : comme historien, dans son système, il ne peut pas me traiter autrement que tout le monde.

M. Langlois peut me haïr, il peut me mépriser, mais comme objet de son étude il ne peut pas me mépriser ; comme objet de son mépris il ne peut pas me mépriser ; comme étant devenu sa matière il ne peut pas me mépriser, il ne peut pas me négliger.

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