Aller au contenu

Page:Cahiers de la Quinzaine, 14e série, n°9-11, 1913.djvu/173

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
l’argent suite

§. — Allons plus loin et le fond de leur pensée c’est qu’absolument on ne répond pas à un homme comme Lavisse, qu’on ne s’en prend pas à un homme comme Lavisse. Il n’y a que dans le monde moderne que peut régner et s’établir un certain degré de platitude qui eût soulevé l’ancienne France, et il faut en venir à une démocratie pour assister à ce spectacle, d’un goût aussi profond, aussi général, aussi commun, et qui paraît aussi naturel, aussi légitime, et qui ne s’aperçoit même plus, tant il est, tant il semble naturel, de la turpitude qu’il y a dans la platitude. Les anciens régimes au contraire, les régimes de la hiérarchie étaient pleins de révoltes au contraire et du goût de la liberté. On peut dire que jamais les grands de ce monde n’ont jamais autant qu’aujourd’hui été à l’abri contre le soulèvement, car aujourd’hui ils ne sont plus seulement à l’abri contre le soulèvement matériel, ils sont entourés, ils sont adulés, ils sont soutenus d’un respect que l’on n’avait jamais connu, ils sont à l’abri contre l’idée même qu’il pourrait y avoir une liberté, et, contre eux, une dignité.

§. — C’est bien leur idée en effet que contre les gros personnages il n’y a aucun droit, (et qu’on est même mal élevé de penser qu’il y en aurait un), (qu’on connaît mal son monde), aucun recours, aucune justice, aucune revendication, et même aucune conversation, aucun propos. Aucune communication, aucun équilibre. Que nous ne sommes pas des grandeurs du même ordre. Qu’il n’y a entre eux et nous aucune commune mesure.

169