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Page:Cahiers de la Quinzaine, 14e série, n°9-11, 1913.djvu/225

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l’argent suite


manqué pour nous-mêmes, nous n’en manquerons certainement pas pour nos enfants. Qu’on le sache bien, rien ne nous arrêtera. Tout ce que nous avons précisément de remords refluera en courage, et peut-être en énergie. À aucun prix nous ne nous laisserons arrêter. C’est un cas fort connu. À tout prix, à n’importe quel prix nous arracherons nos enfants à cette bassesse, à cette honte, à cette servitude. Ce que nous n’avons pas fait pour nous nous le ferons peut-être pour eux.

§. — Nous ne ménagerons rien. C’est un cas fort connu. Quand un homme, (et quand une génération) a évidemment manqué sa carrière, il met une âpreté incroyable, et pour tout dire une sorte d’âpreté de femme, (ce sont les seules qui comptent), à sauver au moins ses enfants, à sauver au moins la génération suivante, à empêcher que ses enfants, à empêcher que la génération suivante poursuive le même ratage, le même manquement de carrière, subisse le même abusement, soit victime du même détournement. C’est un cas fort connu. Tout se retourne alors. Tout ce qui a manqué avec l’un, on veut au moins le faire avec l’autre. Et tout ce que l’on ne verra pas, on veut au moins que les enfants le voient. Et tout ce que l’on sait bien que l’on ne fera pas, on veut au moins que les enfants le fassent. On veut bien avoir été malheureux soi-même, on ne veut pas que ses enfants soient malheureux. On veut bien avoir été malheureux pour une fois, on ne veut pas l’avoir été pour deux. C’est dans un

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