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Page:Cahiers de la Quinzaine - Série 15, cahiers 4-6, 1914.djvu/126

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les tapisseries


Et moi je vous salue ô temple de disgrâce.
Vous avez tant lavé vos périssables yeux.
Vous avez tant versé sur votre noble race
Le long démembrement de vos fragiles vœux.

Et moi je vous salue au nom de votre race,
Aïeule des vaincus et des retriomphants.
Vous avez tant versé sur vos pauvres enfants
Le long ressouvenir des morceaux de la grâce.

Et moi je vous salue ô première ouvrière.
Première assujettie à la loi du travail.
Vous avez tant levé vers le premier portail
Des yeux tout alourdis d’une morne prière.

Et moi je vous salue ô la plus misérable.
Première assujettie à la loi de la peine.
Et la première exposée à la loi de la haine.
Ô victime et témoin d’un sort inexorable.

Et moi je vous salue ô première mortelle.
Vous avez tant baisé les fronts silencieux,
Et la lèvre et la barbe et les dents et les yeux
De vos fils descendus dans cette citadelle.