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Page:Cahiers de la Quinzaine - Série 15, cahiers 4-6, 1914.djvu/183

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ÈVE


Mon nez qui s’écrasait dans l’ordure et la boue,
Mes disciples en proie à la terreur panique,
Le bourreau qui clouait d’un geste mécanique
Et qui plantait la croix dedans cette gadoue

Et l’empreinte léguée aux mains de Véronique,
Ma barbe et mes cheveux essuyés désormais,
Mon plus ancien portrait et le seul authentique,
Le seul que nul oubli ne défera jamais,

Le seul que nul oubli n’a jamais dépassé,
Le seul qui soit sauvé de leur ingratitude,
Le seul qui soit sauvé de la décrépitude,
Le seul que nul dessin n’a jamais surpassé,

Le seul que nul oubli n’a jamais effacé,
Le seul qui soit sauvé des dégradations,
Le seul qui soit posé parmi les nations
Comme le seul témoin d’un éternel passé,

Le seul que nul oubli n’a jamais effacé,
Le seul qui soit inscrit dans l’éternité même,
Le seul qui soit gravé dans le mouvant système
Du présent, du futur, et du tendre passé ;