Page:Cahiers de la Quinzaine - Série 15, cahiers 4-6, 1914.djvu/455

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ments trempent dans les larmes, ou dans le sang pervers des baisers. Villon est d’humeur plus mâle.

Quel garçon c’est là ! Comme on voit qu’il est jeune ! Une folle gaîté traverse son Testament, suspendue aux legs comme une guirlande de lanternes, dans une nuit de fête ; et les arceaux gothiques du cimetière sont illuminés comme les autres. D’ailleurs, la gaîté de Villon n’est pas si légère : elle est toujours bouffonne ; et au bout de la corde, il y a peut-être un pendu. C’est le don de l’esprit, qu’il ne cesse pas de saisir les ridicules de l’action, les facéties du hasard, et l’inépuisable dérision de la vie. Le jeune homme est plus sensible au drame de l’existence qu’à la comédie ; mais il s’en amuse presque également. Quand la passion ne prête pas son sérieux à la vie, et n’en fait pas une scène tragique, l’esprit de raillerie y voit une farce énorme. L’homme achevé,