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Page:Cahiers de la Quinzaine - Série 15, cahiers 4-6, 1914.djvu/485

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Oui, dans ce néant sans bornes et sans exception. Dieu seul nous reste, et Notre Dame à mi-chemin. Tout comme sa mère, la pauvre femme, Villon ne se connaît pas d’autre refuge, pas d’autre asyle, ni d’autre forteresse, que la Vierge, « Nostre Maistresse ». Se moquant des prêtres, il ne tourne pas l’Église en ridicule : il se garde d’elle, craintif et narquois, prudent et docile, ambigu et retrait. Il est religieux désespérément.

Mais il l’est de la bonne manière : cette magnifique intelligence abdique. Sans perdre une once de son poids, elle se retire devant le cœur enfant. Voilà par où Villon est si moderne. Il mord comme l’eau forte dans les pensées du néant. Le poète est alors, à mon gré, l’homme par excellence : celui qui pénètre, entre tous, la condition de tous ; qui en pâtit pour tous, puisqu’entre nous il en a passionnément conscience. Et sa charité fleurit de