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Page:Cahiers de la Quinzaine - Série 15, cahiers 4-6, 1914.djvu/490

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Tous ceux qui furent paissant
Un quignon de vie amère
Dans les pleurs et la misère,
Le cul nu, en guenillons,
Te chantent avec ta mère :
Dors bien, mon pauvre Villon,
C’est toi le plus innocent.

Plus gras et plus pourrissant
Dans leurs hautains pavillons.
Les rois sont au cimetière ;
Leur chair pue et leur chef sent.
Bonne nuit et bonne terre,
Dors bien, mon pauvre Villon :
C’est toi le plus innocent.

Princes de l’or et du sang,
Ici, au commun sillon.
Vos Louvres n’ont plus de pierres ;
Le moindre est le plus puissant :
Plus que vous, il dure en terre !
Dors bien, ô pauvre Villon :
C’est toi le plus innocent.

1912