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Page:Cahiers de la Quinzaine - Série 15, cahiers 4-6, 1914.djvu/496

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de foi. Bernard Naudin gardait une saveur propre, jusque dans l’imitation la plus directe. Ses figures de femmes et d’enfants étaient bien à lui, et toujours d’ici. Je discernais une âme incisive, qui peut bien avoir des rencontres avec l’immense amour de Rembrandt, mais qui n’a certes pas le même fond ni la même origine. Et d’abord, moins de passion que d’esprit.

Naudin n’est pas tragique à la Shakspere. Il l’est à la française. Il porte la précision de l’analyse dans tous les sentiments, et même dans le macabre. Son sourire est la plus rare des élégances ; et l’élégance ne lui manque jamais : elle est sa marque. Je la compare à ces mots de délicieux dédain, que les marquises avaient pour la guillotine, comme on allait leur couper le cou.

Partout ce trait d’un œil aigu, ce regard qui pénètre, ce don des caractères ; et dans la violence ou l’horreur même, cette exquise élégance qui est le parfum de tous nos raffinements.


Il va de soi qu’il aime la musique, et sans doute il est musicien. Cependant, sa dévotion