Que n’avez-vous alors, ô femme de journée,
Préparé la maison pour la dernière fête.
Que n’avez-vous alors, ô laveuse acharnée,
Lavé mes cheveux roux et ma barbe défaite.
Que n’avez-vous alors, aïeule et châtelaine,
Balayé le château pour mon dernier repas,
Et balayé les fleurs pour mon dernier trépas,
Et balayé la mort pour ma dernière Cène.
Que n’avez-vous aussi balayé les soldats,
Et l’injustice assise au cœur du tribunal.
Et le treizième apôtre et le baiser vénal,
Et le consentement aux lèvres de Judas.
Que n’avez-vous alors, ô femme de ménage,
Essuyé le péché devant qu’il fût commis.
Que n’avez-vous enfin dans votre voisinage
Accueilli le sauveur avant qu’il fût promis.
Que n’avez-vous alors, ô mon âme, ô ma mère,
Essuyé les deux pleurs jaillis des mêmes yeux.
Que n’avez-vous alors, ô cent fois centenaire,
Recueilli le seul cri poussé vers d’autres cieux.