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Page:Cahiers du Cercle Proudhon, cahier 5-6, 1912.djvu/36

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adversaires plus inquiétants encore ; je ne parle pas du reliquat d’intellectuels et du parti sorbonique, où essaie de balbutier encore ce qui peut rester de pensée a ta démocratie ; je parle du sinistre Jean Jaurès, qui, à la tête de sa troupe d’unifiés, pourrait bien se tailler, au point de vue des élections de 1914, une situation hors pair et revenir l’année prochaine, à la Chambre, l’arbitre — hélas ! – des destinées de ce pays. Le gaillard travaille sur le velours : tout le crédit qu’il avait perdu auprès de la classe ouvrière est par lui regagné ; on a déjà vu la Bataille syndicaliste le désigner comme le représentant le plus pur du génie classique francais (!). De sorte que le résultat pourrait être celui-ci, comme le prédisait l’unifié Claussat, l’autre jour, à la Chambre : nouveau « Triomphe de la République » ; nouvelle ère combiste ; la troisième vague nationaliste amenant une troisième poussée démocratique, une troisième lame de fond démocratique, qui, cette fois, emporterait tout ce qui peut subsiter de liberté religieuse en France, l’Église, comme toujours, étant appelée naturellement à faire les frais de la guerre. Pour éviter cette nouvelle domination combo-jauressiste, il n’y a plus une faute à commettre ; malheureusement, la maladresse de nos grands nationalistes et conservateurs à la manque risque encore cette fois de compromettre tout ; l’hallali contre la C. G. T. est sonné ; les projets Chéron sont déposés ; on ordonne d’absurdes perquisitions chez les militants ouvriers ; on fabrique un complot avec des documents archi-connus, sauf naturellement de nos députés dont l’ignorance en matière sociale est toujours insondable : en un mot, on dresse l’épouvantail révolutionnaire pour obtenir d’une Chambre apeurée le vote de la loi de trois ans. Cette déplorable tactique aboutira peut-être en effet à enlever le vote, nos radicaux rêvant tous, plus ou moins, d’un régime qui, soit qu’il ait une couleur laïque, nationale et sociale, comme le veut l’illustre Henry Bérenger, ex-néochrétien et idéaliste aristocrate passé à la Démocratie, soit qu’il singe l’empire juif (M. Chassaigne-Goyon, bonapartiste, vient d’être élu président du Conseil municipal de Paris, ce qui n’a pas empêché celui-ci, d’ailleurs, de voter à l’instituteur Donat une souscription) ne peut être qu’un régime de conservation au sens le plus matériel du mot, où les intérêts vraiment conservateurs, comme tes intérêts vraiment révolutionnaires, seront impitoyablement sacrifiés à ceux d’une Ploutocratie avide et vivant au jour le jour, sans plus d’amour pour le passé que de souci pour l’avenir il est remarquable, par exemple, que dans le rapport Hennion il est rappelé astucieusement que ce sont les catholiques qui ont commencé l’œuvre de séduction des sol-