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Page:Cahiers du Cercle Proudhon, cahier 5-6, 1912.djvu/70

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été canalisées par les politiciens qui en faisaient des valeurs d’échange dans leurs marchés avec les grands bourgeois, la décadence économique et morale de la bourgeoisie a pu se produire sans que les bourgeois en souffrissent, et par conséquent sans qu’ils songeassent à réagir contre une maladie qu’ils ne sentaient que confusément et qui menaçait plus les biens collectifs, dans la durée, que les biens particuliers, dans le présent. La bourgeoisie juive pouvait régner et donner le ton ; la bourgeoisie cléricale se rétrécir ; la bourgeoisie judaïsante faire des affaires avec les politiciens et faire la noce avec la bohème des cabarets, et la nation était oubliée, et la culture s’abaissait, et le monde devenait petit. Du jour où les classes ouvrières, organisées par la conscience de leurs intérêts, menèrent une action révolutionnaire directe contre la bourgeoisie, tout était sauvé. La bourgeoisie cléricale était rendue à sa haute mission, qui était la sienne lorsqu’elle était la bourgeoisie catholique française ; contrainte de rechercher, elle aussi, son perfectionnement technique, elle retrouvait les qualités d’invention, d’habileté, de goût, qui ont fait autrefois sa fortune. La bourgeoisie judaïsante était arrachée à sa démoralisation lorsque l’émeute est aux portes de l’usine, le temps n’est plus d’organiser les plaisirs. La bourgeoisie moderniste et philanthrope était ramenée à son travail et devait abandonner ses entreprises populaires pour rentrer purement et simplement dans la profession. Toutes trois devaient s’allier par corps, par professions, par métiers, pour faire face au monde ouvrier. Du même coup, toutes les traditions communes aux trois groupes se rencontrent : traditions professionnelles, traditions morales, conceptions générales héritées de la culture française, esprit guerrier. L’esprit de classe, l’esprit de commandement,