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L’ÉGOÏSME,

POLIDOR.

J’en tire vanité.Cet homme irréprochable
A pris mon porte-feuille, en passant, sur la table,
Croyant que je l’avois par mégarde oublié ;
Je le rapporte vîte à mon Associé ;
Mais qu’il soit plus soigneux.

PHILEMON.

Mais qu’il soit plus soigneux.Écoutez-moi, de grace.
Les billets étoient-là, j’étais à cette place :
Pourquoi ?…

CLERMON, vivement.

Pourquoi ?…Quand il s’agit, de Monsieur, de son bien,
Ma cervelle se monte, & ne respecte rien.
(Avec malignité.)
D’ailleurs vous discutiez une importante affaire :
En vous interrompant, j’aurois cru vous déplaire.
Rapportez à Monsieur quelques mots seulement
De ce que vous disiez en secret à Durand ;
Il va, j’en suis certain, admirer ma prudence.

PHILEMON, à part.

Ce drôle m’interdit, & son ton d’insolence…

POLIDOR.

Te voilà tout confus ; conviens-en bonnement.
Tu n’y seras plus pris, n’est-ce pas ?

PHILEMON.

Tu n’y seras plus pris, n’est-ce pas ? Sûrement.

POLIDOR.

Va-t’en vîte traiter de la Charge importante
Dont nous parlions tantôt, cours remplir mon attente.
Je songe à ton bonheur, toi, fais celui des tiens.