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Page:Cailhava de l’Estandoux - L’égoïsme, 1777.djvu/13

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xiii
Préface.

profond il n’avoit fait voir non-seulement ce que l’hypocrisie étoit ordinairement, mais jusqu’où elle pouvoit conduire, il eût resté bien loin des bornes prescrites à l’optique du Théâtre, & il ne se seroit pas concilié l’admiration de tous les peuples. Moins hardi que mon Maître, je n’ai ose faire risquer à mon Égoïste principal, que ce que nous voyons par malheur journellement. Les plus grandes scélératesses de Philemon se bornent à publier un Livre dangereux sous le nom de son Précepteur, à refuser la main d’une jeune personne qu’il croit pauvre, & à vouloir supplanter son frere dès qu’il la sait riche ; à flatter son oncle pour se faire donner une partie de ses biens, à retenir pour lui seul celle que ce même oncle lui a confiée, pour qu’il contribuât au bien-être de sa famille ; c’est certainement bien peu mis à côté du Tartuffe : n’importe ! Envain ai-je pris mon Héros au sortir de l’enfance[1], en vain l’ai-je conduit par degrés, & toujours sous les yeux

  1. Dans le Joueur Anglois, l’ami de Beverley, pour lui peindre Stukely, lui dit : » Rappelle-toi qu’au Collège il avoit toujours l’art de paroître innocent lorsqu’il étoit le plus coupable, & de faire punir ses camarades des fautes qu’il faisoit ». C’est un trait de génie dans l’Auteur Anglois.