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Page:Cailhava de l’Estandoux - L’égoïsme, 1777.djvu/132

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L’ÉGOÏSME,

CONSTANCE, à Polidor.

Tais toi ! Je vous connois : votre ame bienfaisante
Voudra tout immoler au bonheur d’une amante.
Un si grand sacrifice affligeroit mon cœur.
Trop heureuse déjà d’échapper à Monsieur,
J’attendrai sous vos yeux qu’un tems plus favorable
Unisse mon destin à l’Amant tendre, aimable,
Qui, par mille vertus, est digne de mon choix.

CLERMON, bas à Polidor, l’entraînant.

Qu’à l’écart je vous parle ; il le faut, je le dois.

LE CHEVALIER.

Certain de votre cœur, adorable Constance,
Votre amant attendra la main sans défiance ;
Et si je vous mérite en servant mon pays,
Voilà de mes travaux & l’objet & le prix.

POLIDOR, bas à Clermon.

Quoi ! dans le porte-feuille…

CLERMON, bas.

Quoi ! dans le porte-feuille…Avant de vous le rendre
Tout était fait. Cent fois j’ai voulu vous l’apprendre,
Mais mon zèle craignoit… jusques à votre cœur.
(Il lui remet les Billets.)
Voilà les bons : il n’a que ceux de l’imposteur.

POLIDOR, bas à Clermon.

Je devrois te gronder & condamner ta ruse,
Mais je ne le saurois, le motif nous excuse.

PHILEMON.

Décidez-vous, enfin ! Je suis maître de tout,
Et vous hésitez ?

POLIDOR, avec un reste de bonté.

Et vous hésitez ? Crains de me pousser à bout.
Rentre dans le devoir.