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Page:Cailhava de l’Estandoux - L’égoïsme, 1777.djvu/76

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L’ÉGOÏSME,

Adoucir les destins de vous, de vos parens,
Dans le sein du bonheur faire couler vos ans…

POLIDOR.

J’accepte vos bienfaits, généreuse Constance !
Ordonnez maintenant de la reconnoissance.

CONSTANCE.

De la reconnoissance ! eh pourquoi, s’il vous plaît ?
Pour m’avoir procuré le bien le plus parfait,

(À part.)
Le bonheur d’être utile… À qui, grands Dieux !
POLIDOR.

Le bonheur d’être utile… À qui, grands Dieux ! Ma fille,
Vous allez en effet enrichir ma famille ;
Mais c’est par vos vertus plus que par votre bien.
Vous penserez toujours de même ?

CONSTANCE.

Vous penserez toujours de même ? Oh, oui !

POLIDOR.

Vous penserez toujours de même ? Oh, oui ! Quoi ! rien
Ne vous fera changer ?

CONSTANCE.

Ne vous fera changer ? Ah ! croyez, je vous prie !…

POLIDOR.

Vous penserez toujours que d’une main chérie
Nous pouvons accepter des bienfaits sans rougir ;
Qu’entre deux vrais amis celui qui peut jouir
Du bien de réparer un malheur respectable,
Étant le plus heureux est le plus redevable ?

CONSTANCE.

Peut-on avoir une âme, & penser autrement ?

POLIDOR, se levant avec joie.

Félicitez-moi donc, & sachez maintenant