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simple amateur, un simple profane qui soumet de bonne foi au public de bonne foi des idées suggérées par ses recherches et une thèse allant à l’encontre d’une croyance communément répandue et admise presque à l’égal d’un dogme, selon laquelle l’ascendance normande des Canadiens français est exclusive et quasi intégrale.

Au cours d’un séjour fait en 1919 dans une famille d’habitants des rives du Saguenay, non loin de Chicoutimi, je fus frappé de certaines ressemblances existant entre cette famille, censée être d’origine normande, et celle d’une quelconque famille de paysans de mon Poitou natal. Cette constatation me donna l’envie d’approfondir la question des origines du peuple canadien-français ; elle fut le point de départ de mes études et de mes recherches.

Dans sa Revue des Livres, un critique littéraire qui signe des initiales M. T., écrivait en janvier 1941, dans le périodique La France Libre, publié à Londres, à propos de Trente Arpents, de l’écrivain canadien Ringuet : « … Euchariste Moisan (le héros du roman)… se montre dur à la peine, économe, madré, un rien buveur, obstiné, chicanier ; il parle peu, surtout par gestes, et se gardant bien d’aller droit au fait. Bref, un vrai Normand. Ses lointains aïeux le furent-ils vraiment ? Ou bien n’est-ce pas plutôt que Maupassant nous a induits à considérer comme normands des traits