Aller au contenu

Page:Caillaud - Normandie, Poitou et Canada français, 1945.pdf/58

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

IV — LÉGENDE DE LA GRAND’GOULE


La légende de la Grand’Goule prit naissance au VIe siècle. Voici ce qu’en dit Madame Francine Poitevin : « D’après la légende poitevine, la Grand’Goule était un dragon ailé, un horrible animal pourvu d’une gueule énorme garnie de dents aiguës, de quatre pattes aux griffes acérées, d’une croupe recourbée en replis tortueux et terminée par une longue queue armée d’un dard à trois pointes. La bête hantait les souterrains de l’abbaye des religieuses de Sainte-Croix. Malheur à la jeune moniale qui s’aventurait dans l’antre du Dragon ! elle était aussitôt dévorée par le monstre. Sainte Radegonde terrassa la bête en faisant le signe de la croix et en lui jetant dans la gueule un pain bénit ou casse-museau.[1]

« À partir de ce jour, le terrible épouvantail devint comme une sorte de fétiche pour les Poitevins. Un artiste ou artisan, dont on ignore le nom, en fit une image fameuse en bois sculpté et colorié qui gisait, tout au long de l’année, dans un galetas du couvent de Sainte-Croix. On l’en sortait, au moment de la procession des Rogations,

  1. Le casse-museau est une sorte de pâtisserie légère, dorée au feu et gonflée, dans la composition de laquelle entrent du lait et des œufs. Autrefois, s’il faut en croire la tradition, à la procession des Rogations, on lançait de ces gâteaux à la figure des assistants : d’où leur nom.