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Page:Calmet - Traité sur les apparitions des esprits, tome 1, 1751.djvu/137

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DES ESPRITS.

Un autre fait qui, s’il eſt vrai, mérite beaucoup de conſidération, eſt celui d’Apollonius de Thiane, qui étant à Epheſe pendant qu’une grande peſte déſoloit la Ville, promit aux Ephéſiens de faire ceſſer la peſte le jour même qu’il leur parloit, & qui étoit celui de ſa ſeconde arrivée dans leur Ville. Il les aſſembla au Théatre, & leur ordonna de lapider un pauvre vieillard couvert de haillons, qui demandoit l’aumône : frappez, dit-il, cet ennemi des Dieux, accablez-le de pierres. Ils ne pouvoient s’y réſoudre, ce miſérable leur faiſant pitié, & leur demandant grace d’une maniere fort touchante ; mais Apollonius les preſſa tant, qu’enfin ils le lapiderent, & amaſſerent ſur lui un grand monceau de pierres.

Un peu après il leur dit d’ôter ces pierres, & qu’ils verroient quel animal ils avoient tué. Ils n’y trouverent qu’un gros chien, & ne douterent pas que ce vieillard ne fût un fantôme, qui avoit faſciné leurs yeux ; ce qui cauſoit la peſte dans leur Ville.

On voit ici cinq choſes très-remarquables. 1o. Le Démon qui cauſe la peſte dans Epheſe. 2o. Ce même Démon, qui au lieu d’un chien réel, fait paroître un homme. 3o. La faſcination